mardi 23 avril 2013

Comme une image

Tout n'est question d'image dans notre bas monde.
J'avoue que je suis consterné quand je vois que quelqu'un d'aussi insignifiant que Nabilla fait la une des médias suite à une phrase d'une stupidité confondante.
Est-ce là le symbole de la chute de notre empire capitaliste ? Peut être... mais je ne suis pas là pour disserter à ce propos.

On colle facilement une image aux choses, aux gens, aux lieux... et la décoller est toujours une rude épreuve.

C'est ce que vit mon quartier autrefois réputé pour la chaleur de ses habitants, qui avaient tendance à organiser des barbecues avec les voitures des voisins.
Cette hospitalité toute particulière avait pour don d'agacer légèrement, et au fur et à mesure, "la Duchère" a acquis la réputation d'être un quartier chaud.
Je ne parle pas de commerce illicite basé sur la location de chairs plus ou moins fraîches .. mais de trafics de plantes autres revente d'objets parfois tombés du camion.
Et dire qu'au début des années 60 le quartier était prisé pour la modernité et le confort de ses appartements...

Un beau jour, j'ai décidé de passer le pas, de me jeter à l'eau, de prendre les devants, c'est à dire : de demander à ma gentille banque de me prêter gracieusement l'argent nécessaire à mon désir de devenir propriétaire.
A l'époque j'aurais tant voulu que le séduisant Stéphane Plaza, version Pierre Richard des agents immobiliers et gendre parfait (qui cache bien son jeu) , vienne m'aider avec son petit scooter à trouver mon futur nid douillet.


Ne disposant pas du budget minimum requis par l'émission (avoisinant les 500.000 €) je fus jeté à la rue comme un vulgaire paria, indigne de passer sur un prime time de M6.

S'en suivi une période de visites où j'ai pu découvrir, à mon grand désarroi, la capacité de mentir des agents immobiliers... tant le gap entre les annonces et la réalité était pour le moins surprenant.
Bien entendu, les annonces enjolivaient légèrement outrageusement les appartements mis en vente... et qui depuis 5 ans doivent encore être sur le marché !

Finalement, la raison me fit opter pour un appartement (alors en construction) dans le quartier de "La Duchère", quartier qui débutait sa métamorphose.
Telle une chenille devenant papillon, le processus impliquait la destruction de plusieurs barres, la réorganisation complète du quartier et un développement de la "mixité sociale".
Entamé depuis environ 5 ans, le programme est toujours en cours.


La réaction de mes collègues fut à la hauteur de ce que je pensais : un regard horrifié, du genre "mon dieu, tu vas Mouriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir au milieu des flammes et des tirs de kalashnikov".
Le simple nom du quartier provoque en général une lueur d'effroi dans l'iris de mes interlocuteurs.
Même s'ils savent que le quartier s'est bien assagi, je peux sentir une gêne et une sorte de "je suis désolé pour toi" dans leur voix.


Cela fait 3 ans que je vis dans là.
J'aime la mixité, les marchés, les commerces.
C'est calme et vraiment très agréable... mais voilà, il y a une image bien collée et la décoller va prendre de très, très, très, longues années.


1 commentaire:

  1. Ben moi je n'ai (presque) plus peur de venir jusque chez toi...

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